
Après IBM, c’est au tour d’un des leaders des technologies de reconnaissance faciale de s’engager à une suspension auprès de la police. Amazon annonce un moratoire d’un an pour sa solution Rekognition et appelle l’État à réguler.
Le PDG d’IBM décidait cette semaine de mettre fin à ses logiciels de reconnaissance et d’analyse faciale. Pour Arvind Krishna, il est nécessaire de légiférer sur l’utilisation de la technologie par les forces de l’ordre, dont l’intelligence artificielle.
Sous pression depuis des mois (sinon plus) pour la vente de sa solution de reconnaissance faciale Rekognition à la police, Amazon a fini par se résigner à des concessions. Le géant du Cloud et du e-commerce annonce un moratoire d’un an.
Une régulation plus stricte pour une utilisation éthique
Ainsi, la firme suspend durant une année l’utilisation de Rekognition. Amazon préserve en revanche l’usage de la reconnaissance faciale par certaines organisations. Il s’agit d’après l’entreprise de cas d’application destinés à lutter contre le trafic d’êtres humains et la protection de l’enfance.

Comme IBM, Amazon plaide pour la définition par l’État de règles encadrant l’exploitation de la reconnaissance faciale. « Les gouvernements devraient mettre en place des réglementations plus strictes pour régir l’utilisation éthique de la technologie de reconnaissance faciale » commente le géant.
La société fondée par Jeff Bezos note à ce titre une inflexion au sein du Congrès américain. En 2018, Microsoft plaidait en faveur de l’intervention du législateur afin de réguler les applications de la reconnaissance faciale. Cet appel faisait suite à différentes polémiques.
Une pause d’un an dont doivent se saisir les États
Le Congrès n’avait cependant pas décidé de s’emparer du dossier. La mort tragique de George Floyd et le déclenchement d’un vaste mouvement de protestation ont changé la donne. Amazon souligne d’ailleurs que le « Congrès semble prêt à relever ce défi » de la régulation.
« Nous espérons que ce moratoire d’un an pourra donner au Congrès suffisamment de temps pour mettre en œuvre des règles appropriées, et nous sommes prêts à apporter notre aide si on nous le demande » déclare encore la firme.
Cet appel à légiférer ne constitue cependant pas nécessairement un encouragement. Malgré sa prise de position en 2018 en faveur d’une régulation de la reconnaissance faciale, Microsoft pousse en coulisses pour des règles allégées.
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